Putzfrau.ch, le business des femmes de ménage
En neuf mois, Putzfrau.ch a ouvert quatre bureaux romands grâce au bouche-à-oreille. Le directeur décrit l’histoire et le potentiel de cette étonnante entreprise.
Marc Espirito n’en est pas à sa première création d’entreprise, mais l’aventure qu’il vit avec Putzfrau. ch est la plus passionnante. L’entrepreneur romand a lance le concept de placement de femmes de ménage au début de l’année dans le canton de Vaud puis à Genève. Son agence a ensuite très vite fait parler d’elle, sans aucun effort marketing. De nouveaux bureaux s’ouvrent d’ailleurs en Valais et à Fribourg afin de confirmer la croissance en Suisse romande.
Le groupe Putzfrau.ch , créé il y a sept ans à Zurich, n’a cessé de grandir. Il emploie désormais près de 1000 femmes de chambre dans tout le pays dont une centaine en Suisse romande. Bénéficiaire de la franchise romande, Marc Espirito nous explique comment il gère son expansion et les défis de cette entreprise pas comme les autres.
Putzfrau.ch sonne terriblement suisseallemand. Pourquoi reprendre ce concept en terres romandes?
L’idée fonctionne très bien à Zurich depuis sept ans et je connais le fondateur. J’ai décidé de m’associer avec lui et de prendre la franchise romande. De toute évidence, la demande est aussi forte ici qu’en Suisse alémanique. C’est un besoin national.
Pourtant, il existe des femmes de ménage depuis des siècles…
Oui, mais les incitations à déclarer son personnel de maison sont beaucoup plus concrètes aujourd’hui et les mentalités évoluent, notamment chez les jeunes ménages. Plus de 400 000 foyers en Suisse emploient une femme de ménage et très peu le font dans les règles, on estime à 80% le taux de non-déclaration. En outre, Il est ahurissant de constater certaines formes d’exploitation dans ce milieu.
Vous n’êtes pas une entreprise humanitaire?
Non, nous sommes des entrepreneurs. Notre priorité est de proposer du travail à des personnes qui seront protégées, assurées et reconnues par la loi afin de bénéficier de tous les avantages sociaux. Je reçois près de 100 CV par mois, je peux vous affirmer que de nombreuses femmes de ménage demandent à être déclarées. Et le turnover chez nous est quasi inexistant.
Les particuliers vous contactent de plus en plus, pourtant vos prix sont plus élevés que ceux du marché «gris» avec un taux horaire de 39 francs.
Nos prix sont en effet plus élevés que la moyenne et c’est tout à fait logique. Nous épargnons aux employeurs tous les risques, que ce soit de vols, de dommages ou même des ennuis avec la justice. Notre personnel est formé et efficace, les clients y gagnent très souvent en heures de ménage et donc en budget final.
Combien payez-vous vos employés?
En moyenne 24 francs de l’heure et ils me «coûtent» environ 34 francs.
Quel est votre business model?
Nous fonctionnons avec des charges légères et le chiffre d’affaires est déjà important. Le modèle est donc très dynamique et la demande est exponentielle tant le boucheà- oreille fonctionne bien. A Zurich, 90% des nouveaux clients viennent de la part de la clientèle existante. En Suisse romande, nous enregistrons 20 nouveaux ménages par mois.
Putzfrau.ch débarque en Suisse romande et crée un petit buzz. On peut s’étonner du manque de concurrence régionale.
Il existe des petites structures, très localisées. Nos ambitions sont plus importantes. Mon objectif est d’employer 250 à 300 femmes de ménage d’ici à 2013. J’ai déjà engagé cinq représentants pour couvrir les différentes régions romandes. Nous proposons aussi des services annexes et pouvons travailler pour les PME ou les expatriés, par exemple.
Comment êtes-vous financé?
Je fonctionne avec 100% d’autofinancement. J’ai déjà lancé plusieurs sociétés dans ma carrière et je suis consultant en entreprises. Je travaille actuellement à pleintemps pour encore developer Putzfrau.ch.
Travail au noir: 200 millions de pertes
Travail au noir: 200 millions de pertes Les autorités suisses ont annoncé vouloir agir avec une sévérité accrue contre le travail au noir. Il faut savoir que le manque à gagner pour l’Etat est estimé à 200 millions de francs par an en TVA et cotisations sociales. Marc Espirito ne veut pas polémiquer sur le sujet des femmes de ménage mais son discourse est tranché: «Nous sommes évidemment contre le travail au noir. Un tel procédé est punissable et comporte des risques élevés. Et nous sommes fiers de mettre les femmes de ménage au centre de nos préoccupations. Par exemple, ce sont elles qui décident où et quand elles veulent travailler. Notre entreprise est soumise à une convention collective. Cela permet de garantir que l’ensemble du personnel est employé à des conditions progressistes et équitables.»
Auteur: Edouard Bolleter